Vassili
Feodoroff.

Histoires d’Histoire

Projet en cours

Quand le passé s'invite au présent, il pose la question de sa présence. Depuis 2018 je photographie des reconstitutions historiques. En parcourant ces lieux où l’Histoire prend vie, et en regardant ces personnes sous les traits d’une autre époque, je me demande ce que veut dire la représentation du passé au présent. De fait, si l’Histoire doit être racontée pour être intelligible, qu’est-ce que l’on raconte quand on la met en scène ? Qu’est-ce que racontent les histoires de ces gens qui font revivre les siècles passés ?

Loin des manuels d’Histoire et de la théorie, sa mise en scène est une expérience personnelle. Comme le dit l’historienne Maryline Crivello, Le temps de l’Histoire appartient à tous. Il est fédérateur, réconciliateur et libérateur, permettant à chacun d’exposer un être historique et une expérience personnelle de l’Histoire.

Lorsque l’on raconte au quotidien une société en crise qui craint son avenir, ces pratiques tournées vers le passé se montrent comme un moyen de réappropriation du présent. L’Histoire se drape d’une fonction sociale.

La représentation des événements et des lieux de reconstitutions historiques n’est pas exhaustive mais cherche à retranscrire une chronologie de la reconstitution ainsi que son enjeu social. Elle peut être ludique et prétexte à une grande fête populaire. Comme aux fêtes Renaissance de Roi de l’Oiseau au Puy en Velay, ou au parc d'attractions du Puy du Fou. Ailleurs elle peut être l'œuvre de passionnés qui auront pour seul but d’être le plus précis dans leur rapport à l’Histoire. Maryline Crivello explique que les reconstitutions historiques qui participent à la re-création d’un événement authentifié, informent non pas sur le passé lui-même, mais sur ses réemplois, ses usages, sur sa prégnance dans l’actualité.


A travers ces reconstitutions historiques, j’ai envie de jouer le jeu de ses hommes et femmes qui portent les tenues d’un autre temps comme s’ils enfilaient l’écrin du passé. Je photographie ce qu’ils cherchent à mettre en avant, tout en m’attachant à raconter le contexte de la mise en scène. L’anachronisme me permet le voyage dans le temps. De la même manière que ces gens cherchent à incarner un temps révolu, mes photos cherchent à donner une matière visuelle à l’Histoire. Elles viennent fixer le glissement temporel qui s’opère dans sa mise en scène.

Reconstituer quelque part  c’est opérer un dialogue entre le monde des morts et celui des vivants. La fonction de la mémoire dans la transmission est un sujet qui m'intéresse particulièrement. Faire ce travail photo est également pour moi un moyen d'assouvir ma curiosité latente du passé et de partager avec ces hommes et ces femmes la faille temporelle qui s’ouvre lors des reconstitutions.